mardi 27 novembre 2012

Daime ou Santo Daime et Ayahuasca - Le droit d'en savoir plus.


Daime en Brésilien veut dire donne-moi de l'amour, donne-moi la paix, donne-moi la joie.
Il s'agit de la seule religion spirite originaire à part entière de l’Amérique latine, de l’Amazonie, du Brésil.
Lors des cérémonies de Daime, les fidèles boivent une décoction de 2 plantes amazoniennes, une feuille et une liane.
Bien qu'il s'agisse des mêmes plantes que l'Ayahuasca, Le Daime n'est pas l'Ayahuasca, la façon de le préparer est différente et unique.
Au début du siècle dernier, Mestre Irineu Serra, fondateur de cette tradition a reçu une vision de la Vierge Marie, la Reine de la forêt et il a christianisé l'utilisation de ce breuvage millénaire. Il a reçu des chants sacrés et tout un rituel pour le déroulement des cérémonies.

Au Brésil, patrie construite sur l’évangile, des individus de tous milieux sociaux s’adonnent à cette voix spirite au point que dans les années 80 la question de la discrétion s’est posée pour les célébrités et que différents centres sont nés exclusivement pour elles . Du juge au grand artiste, en passant par les chanteurs célèbres, des familles entières de personnes qui ont un rôle important dans la société ont été amenés à gagner les rangs de cette voix spirite venue du christianisme brésilien, de Saint Pierre et de la patronne du Brésil, Notre Dame de l'Apparition. Nombreuses sont les personnalités politiques au Brésil que font encore aujourd’hui partie d’une des trois différentes lignes du Daime, à savoir le Daime , la Barquinha et l'Union du Végétal.
C'est un monde en soi qui demande plusieurs années au néophyte pour en comprendre la tradition, la culture, les histoires, l’organisation mais aussi les différences entre les lignées. Ces lignées viennent du Maître Raimundo Irineu Serra, qui a été et est toujours reconnu comme l’homme que a reçu le trésor des Incas, le pouvoir d’être le maître de ce breuvage sacré qu' il a choisi de baptiser du nom de Daime.

Après plusieurs études scientifiques, le gouvernement brésilien reconnaît l'utilisation religieuse du Santo Daime depuis 1972.
En 1984, un dénommé Loren S. Miller dépose aux USA le brevet d'une des deux plantes composant l'Ayahuasca et une affaire similaire aux scandales immobiliers de la côte brésilienne et de toutes les Caraïbes commence (manipulation des autochtones pour une main-mise sur le littoral à bas prix).
Avec toujours, l'argent contre le savoir, la vérité et la justice.
Après cela,  une grande bataille commença, avec la création du Coica en 1984 pour protéger la forêt amazonienne des envahisseurs bio pirates, des chercheurs d'or et d'autres menaces qui pèsent sur les peuples indigènes et autochtones.
Pendant la dictature brésilienne commença alors une véritable chasse aux sorcières, et des nombreux groupes militaires s'installèrent en Amazonie pour étudier les communautés usagères du Daime (daimistes) dans l’espoir de prouver la dangerosité de cette décoction..
Nul besoin de dire que la plus grande partie de ces personnes a été convertie aux enseignements du Daime et sont devenus défenseurs de sa liberté.






Le Daime commença aussi à gagner le monde et des églises sont apparues un peu partout en Amérique du sud, en Europe et aux États-Unis .
Dans un premier temps, une confusion entre les plantes et les molécules qui entrent dans sa composition provoqua une persécution policière et la discrimination sociale des membres du Daime. S’en suivirent des années d'études et de batailles judiciaires jusqu’à prouver la différence existante entre ce breuvage sacré et la DMT naturelle qui s'y trouve en petite quantité. La DMT, classée comme stupéfiant par la convention de Vienne en 1971, n'est pas consommée par les "daimistes"de manière synthétique. Il s'agit de l'absorption d'une décoction, sacrément comparé a l'hostie des catholiques et uniquement dans le cadre contrôlé de l’église qui offre l'accompagnement, le calme, la paix et le confort nécessaires aux fidèles.
Gilberto Gil, lorsqu'il était ministre de la Culture, a entamé les démarches de reconnaissance du Daime comme Patrimoine Immatériel et Culturel comme c'est déjà le cas au Pérou.
Le Daime est une religion presque centenaire, qui est reconnue pour son pouvoir socialisant et de réintégration sociale. Elle aide l'homme à revenir vers sa réalité, sa famille, le travail, à abandonner ses peurs, ses vices, et son éventuel rejet de la société ainsi qu'à retrouver l'espérance.

En France, un arrêté classe les 2 composants de la boisson sur la liste des stupéfiants depuis avril 2005 alors qu'un procès venait d'acquitter en janvier 2005 six personnes pratiquant le Daime.
Il est fondamental qu'un vrai dialogue s'installe en France, le pays des droits de l'homme, entre nous, gardiens de cette tradition religieuse universelle et les autorités.
Il existe dans ce pays une peur de toutes les minorités spirituelles qui sortent des grandes religions reconnues. Elles sont systématiquement associées à des sectes dangereuses.
Une exception religieuse pour l’utilisation du Daime (le sacrement) permettra d'éviter un usage "sauvage" de cette boisson sacrée ainsi que son commerce.
La dépénalisation du Daime/Ayahuasca en France dans le contexte religieux pourrait aussi aider à faire baisser le « tourisme spirituel » en Amérique du Sud, tourisme qui est proposé autant par des personnes sérieuses que par d’autres sans scrupules. Le "touriste" sort de sa réalité et recherche une chose en dehors de sa compréhension et de sa culture et n'est pas forcement accompagné sur le long terme dans son cheminement intérieur.
Le commerce du Daime/Ayahuasca n'est souhaitable pour personne à part peut être sous forme de cachets pour les lobbies pharmaceutiques !

Après plus des 40 ans d’études scientifiques, toxicologiques, sociologiques et anthropologiques, jamais une quelconque dangerosité de ce breuvage n’a pu être prouvée.
Nous sommes disponibles et volontaires à toutes les études cliniques et scientifiques qui seront jugées nécessaires par les autorités de santé pour mettre un place une réglementation de son utilisation. . Cela a été fait aux États Unis et au Canada, pays qui sont passés par le même processus et où la liberté religieuse est maintenant effective.
Il est temps d' ouvrir la porte à la liberté d'expression, culturelle et religieuse et de commencer le dialogue pour trouver les modalités à mettre en place pour une utilisation régulée du Daime.  
Il pourra faire son travail socialisant et les personnes désireuses de connaître l’existence d'une force supérieure qui habite à l’intérieur de tous les êtres, pourront se retrouver ensemble pour prier le même Dieu d'Amour.
Bien qu'il ait différents noms, comme Jésus, Bouda, Krishna, Allah, l'Amour est la seule et unique force spirituelle, qui révèle et qui réconforte.
Le Daime nous enseigne le chemin de l'Amour.

lundi 26 novembre 2012

L’ayawaska n’est pas un hallucinogène
Patrick Deshayes
Directeur du département anthropologie, Université Paris VII

Introduction


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L’ayawaska est une décoction employée par de nombreux groupes indiens de l’Amazonie occidentale. On la connaît sous plusieurs noms génériques comme yajé, caapi, natem et bien sûr ayawaska. C’est sous ce dernier nom qu’elle est le plus connue au Pérou et dans les Andes. Ayawaska comme yagé ou caapi nomme à la fois la boisson et la liane qui entre dans la composition de cette boisson. Le terme ayawaska est de langue quechua et signifie liane des morts. (Aya: cadavre, mort, défunt. Waska: terme général pour nommer les lianes.)
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Avec le contact de la colonisation sont apparues de nombreuses pratiques métisses de guérisseurs empruntant les usages chamaniques les réinterprétant dans un catholicisme populaire où les Saints et les armées de Satan sont présents tout autant que les Esprits de la forêt. L’ayawaska nommée souvent dans ce cadre la « purge » est l’opérateur clé de la thérapeutique. Ces guérisseurs sont appelés les ayawaskeros.
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Puis est né au début du XXe siècle, au Brésil, un culte syncrétique croisant les pratiques d’Ubanda, les messes catholiques et l’ingestion de l’ayawaska. Cette fois l’ayawaska est venue prendre la place laissée en creux dans la communion : celle du Graal, du sang du Christ. Ces églises sont regroupées sous le sigle de Santo Daime, nom de leur mouvement tout comme celui de la boisson.
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Dans cet article, c’est le terme d’ayawaska que nous utiliserons pour nommer cette boisson quel qu’en soit l’usage décrit. Cette décoction est préparée à partir principalement de la liane banisteriopsis à laquelle on ajoute un second élément végétal. J. Ott, dans son livre Pharmacoteon, a dénombré plus de 80 végétaux qui peuvent être ajoutés. Ces 80 végétaux sont réunis en 35familles. Néanmoins, il s’agit le plus souvent des feuilles de chacruna (psychotria viridis) mais il peut s’agir de feuilles de coca (Erythroxylon coca), de toé (Brugmansia suaveolens), de tabac (nicotiana tabacum ou nicotiana rustica) ou encore de piripiri (Cyperus sp.).
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Si les Indiens préparent des compositions les plus variées, chez les guérisseurs métis le mélange est pratiquement toujours liane banisteriopsis/ chacruna auquel on ajoute au moment de la réduction1, et dans un rapport nettement moindre (de l’ordre du dixième ou du centième), des feuilles d’autres plantes : coca, tabac, chiric sanango, toé, etc.
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J’étudie les différents usages de l’ayawaska depuis plus de vingt ans parmi les Indiens de groupe Pano (Cashinawa, Sharanawa, Mastanawa et Amahuaca du Rio Purus et Shipibo du Rio Ucayali) mais aussi parmi les groupes pratiquants du Santo Daime au Brésil et les guérisseurs métis de l’Amazonie péruvienne.
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Le but de cette démarche est en particulier de comparer les effets, les interprétations des effets, les usages thérapeutiques divinatoires ou religieux de ces dispositifs qui utilisent dans tous les cas la même substance, d’un point de vue phytologique et pharmacologique. Ce qui se retrouve en commun dans ces dispositifs d’intérêt et d’usage si différents a des chances d’être spécifique de l’ayawaska. Cette approche comparative constitue une méthode heuristique de la compréhension des effets de l’ayawaska.

Partie I – Approche neuropharmacologique et psychopharmacologique

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Avant d’aborder les aspects comparatifs, voyons donc tout d’abord ce qu’en dit la neuropharmacologie.
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La liane contenue dans la décoction d’ayawaska et qui lui donne son nom, est connue sur le plan phytochimique et pharmacologique depuis plus d’un siècle. Il s’agit d’une Malpighiacée lianescente.
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Le premier à s’intéresser à cette liane fut le botaniste Spruce en 1852. Il lui donnera son premier nom scientifique, Banisteria caapi. Elle est connue aujourd’hui sous le nom de Banisteriopsis caapi.
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Pour préparer la décoction, à cette liane est ajouté un deuxième composant : le plus souvent les feuilles d’un arbuste du genre psychotria. Cette plante est connue au Pérou et au Brésil sous le nom générique de chacruna. Cette plante est de la famille des Rubiacea comme le café. L’espèce la plus utilisée dans les décoctions d’ayawaska est le psychotria viridis. Ces deux plantes contiennent des alcaloïdes, c’est-à-dire des molécules qui renferment du carbone, de l’hydrogène et de l’azote. Mais c’est surtout parce que la plupart des alcaloïdes possèdent une activité biologique remarquable, souvent thérapeutique, qu’ils ont, depuis leurs découvertes, suscité de l’intérêt.
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Le premier à avoir isolé un alcaloïde de l’ayawaska fut Fischer en 1923. Il le nommera télépathine. Il ne fera pas de recherches plus approfondies. C’est en 1928 que Elger montrera que l’alcaloïde isolé par Fischer n’est autre que l’harmine, alcaloïde isolé depuis 1847. Un second alcaloïde, l’harmaline, sera découvert par la suite. Puis deux autres alcaloïdes seront découverts provenant encore de la liane : la tetrahydroharmine (THT) et l’harmol (ce dernier n’étant présent que sous forme de traces).
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La liane Banistériopsis Caapi contient donc quatre alcaloïdes principaux qui sont tous des β-carbolines. Les feuilles de Psychotria viridis, quant à elles, contiennent principalement de la N, N-diméthyltryptamine (DMT).
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Si l’effet hallucinogène de la DMT est attesté, celui de l’harmine et des autres β-carbolines reste encore très contesté.
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Pour certains spécialistes en pharmacologie, la fonction principale de ces alcaloïdes serait leur capacité à rendre la DMT assimilable par l’organisme (Shulgin, 1976). En effet, administrée par voie orale, la DMT est détruite par le foie qui produit des monoamino oxydases (MAO). L’effet inhibiteur de la monoamino oxydase (IMAO) de l’harmaline et de l’harmine et des autres βcarbolines permet à la DMT de ne pas être détruite.
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Les effets psychotropes de l’harmine et l’harmaline restent mal compris. Naranjo (1967) prétend que l’harmaline peut être hallucinogène mais non l’harmine. Der Marderosian (1968) et Shulgin (1976) et quelques autres prétendent que son effet hallucinogène ne provient que de la potentialisation de la DMT. Fericgla (1997) prétend même que le banisteriopsis n’a aucun effet psychoactif. Son seul effet, dit-il, est d’empêcher la destruction de la DMT. Enfin, d’autres chercheurs (Ott, 1996) prétendent que comme ceux des autres inhibiteurs de la monamino oxydase, les effets de l’harmaline et de l’harmine sont essentiellement antidépressifs. Ils auraient donc un impact important sur la perception des effets hallucinatoires de la DMT. Les autres alcaloïdes sont encore moins décrits.
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Je n’approfondirai pas plus cette approche pharmacologique. Que dit-elle en résumé ?
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Que la décoction d’ayawaska est une préparation à partir de deux plantes qui contiennent chacune des alcaloïdes.Que le principal alcaloïde est contenu dans les feuilles de chacruna: il s’agit de la DMT.Que l’autre plante, la liane, contient des β-carbolines qui permettent tout d’abord l’assimilation par le corps du principe actif contenu dans les feuilles de chacruna.Qu’il existe une possible action psychotrope dans les alcaloïdes de la liane mais les pharmacologues ne sont pas d’accord sur ce point.
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Et que dit-elle du savoir indigène ? Finalement la pharmacologie classique hésite entre deux attitudes par rapport aux savoirs des Indiens ou des guérisseurs métis :un émerveillement2 par rapport aux Indiens et à leur savoir : ces gens ont découvert les IMAO trois mille ans avant nous !;un étonnement par rapport au fait que les Indiens donnent l’importance première à la liane, au point de donner au breuvage le même nom, alors qu’il est évident pour les pharmacologues que c’est dans les feuilles de chacruna que se trouve le psychotrope clé : la DMT.
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Que pensez de tout cela ? Je doute pour ma part que l’usage des IMAO par les Indiens, ou plus précisément l’usage de la liane basteriopsis, ait pour fonction la métabolisation de la DMT contenue dans les feuilles de chacruna. Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de dire que les pharmacologues se sont trompés sur le fait que les IMAO permettent de métaboliser la DMT. Je dis que ce n’est pas le but recherché par les Indiens et les guérisseurs métis. La liane a un rôle essentiel que la pharmacologie n’a pas repérée. C’est ce que je vais tenter de montrer dans ce travail, mais pour cela il faut passer de la psycho-pharmacologie ou neuropharmacologie à l’ethnopharmacologie, car c’est dans la compréhension de l’usage traditionnel que l’on peut trouver des éléments de réponse.
Les effets des IMAO, nous l’avons vu, sont fort peu connus sur le plan pharmacologique. J’ai pu observer et constater, pour ma part, et ce dans des milieux fort différents, indien, métis, ou encore européen, que les effets de la liane seule produisent des remontés d’affects puissants voire des états de frayeur parfois objectivés par des sensations de spasmes et d’essoufflement et que ce sont, selon moi, ces états de frayeurs et non les visions qui sont les éléments clés de l’action thérapeutique des guérisseurs ou du travail encore plus complexe des chamanes.
Enfin, si l’ayawaska et ses ß-carbolines sont indispensables pour l’assimilation orale de la chacruna, il n’en est pas de même pour les autres plantes. Ainsi lorsque des chamanes ou des ayawaskeros utilisent le toé ou le tabac, il n’y a aucune nécessité d’ajouter de la liane banisteriopis pour que leurs alcaloïdes soient agissants oralement. Donc, s’ils avaient utilisé la liane dans le seul but de rendre une plante agissante pourquoi l’utiliseraient-ils pour des plantes comme le toé3 ou le tabac dont les alcaloïdes ne sont pas détruits par la monoamino oxydase ?
Comment penser que la liane, considérée par ses utilisateurs comme l’élément clé du mélange, ne serait pour nos pharmacologues au mieux qu’un tranquillisant, au pire un élément qui évite à la DMT d’être détruite par le foie ? Si les pratiquants de l’ayawaska mettent en avant l’élément non psychodysleptique du mélange, c’est que la compréhension de l’usage de l’ayawaska n’est peut-être pas dans l’hallucination mais dans l’effet purgatif de l’autre plante. La liane fait vomir et provoque des frayeurs qui sont censées faire sens et créer des liens.
On est bien loin alors d’un hallucinogène !

Partie II – Approche ethnopharmacologique

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Si la neuropharmacologie constitue la partie de la pharmacologie qui s’intéresse aux effets des drogues sur les nerfs, le système nerveux central et si la psychopharmacologie s’intéresse plutôt aux effets psychiques, l’ethnopharmacologie pourrait être, quant à elle, la science qui tient compte du savoir et de l’usage traditionnels concernant ces substances. La prise en compte du rituel et du contexte est fondamentale pour comprendre l’action même des drogues. J’ai bien dit « pourrait » car en fait beaucoup de chercheurs ont une définition beaucoup plus restrictive. Le savoir traditionnel n’est souvent pris en compte que dans la mesure où il peut faire gagner du temps à l’analyse pharmacologique proprement dite. Ainsi, si un médicament traditionnel est préparé en décoction on prendra en compte le fait qu’il est soluble dans l’eau et qu’il résiste à la chaleur. Par contre, s’il est dit dans la tradition qu’il faut aussi souffler du tabac sur les mains et autour du patient, cette pratique ne sera pas retenue puisque pensée aussitôt par notre chercheur comme appartenant aux superstitions locales. C’est donc pour une ethnopharmacologie qui prend le savoir des thérapeutes traditionnels dans sa totalité, même si la compréhension de se savoir lui échappe parfois, que je plaide.
Quels sont les éléments ethnopharmacologiques ou anthropologiques qui permettent d’avoir un regard différent sur l’ayawaska ? Tout d’abord, écouter puis tester ce que disent les praticiens de l’ayawaska sur le fait que la liane est la clé de la décoction. Ce qui m’a permis d’avancer sur le fait que cet usage n’a pas pour fonction principale la métabolisation de la DMT s’appuie sur deux observations :il existe dans certains groupes indiens une manière d’absorber la chacruna sans passer par le système digestif et donc permettre à la DMT de passer directement dans le sang;il existe aussi dans certains groupes indiens et parmi certains guérisseurs une manière de consommer l’ayawaska seule : c’est-à-dire une décoction uniquement faite à partir de la liane.
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Ce sont ces deux modes de consommation que je vais présenter maintenant.
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Sur le Rio Purus, différents groupes parmi lesquels j’ai séjourné, les Huni
Kuin (connus dans la littérature ethnologique sous le nom de Kashinawa) les Amahuaca, les Shadanawa utilisent une manière de préparer les feuilles de chacruna tout à fait particulière. Les feuilles de chacruna sont d’abord plongées dans de grandes quantités d’eau : environ cinq à six kilogrammes de feuilles pour une trentaine de litres d’eau. Le tout est bouilli pendant une journée entière. Le deuxième jour, les feuilles sont enlevées et commence alors la réduction. Quand il ne reste qu’une petite quantité de liquide, le breuvage est transféré dans une petite marmite. Là, la réduction se poursuit jusqu’à évaporation complète. Il se forme alors des cristaux au fond de la marmite. Ces cristaux sont précieusement grattés puis recueillis dans un mortier en bois et pilés jusqu’à êtres réduits en une poudre très fine. Cette poudre mélangée à du tabac lui-même pilé sera ensuite inhalée à l’aide d’une pipe à priser.
Ainsi absorbée la DMT n’est pas détruite par les enzymes du foie et passe directement dans le sang. Au dire des usagers, l’effet est immédiat et foudroyant. Les visions sont intenses et colorées. Il n’est pas rare que la personne s’effondre tout de suite après l’inhalation.
Si donc c’était l’effet produit par la DMT contenue dans la chacruna qui était recherché principalement par les Indiens, ils n’iraient pas nécessairement compliquer la préparation en y ajoutant une autre plante qui permettrait certes de l’avaler plutôt que de l’inhaler mais qui en échange produirait des malaises physiques extrêmes. Par ailleurs, si je prends l’exemple des
Huni Kuin que je connais bien, l’usage de la chacruna inhalée peut être fait durant une session d’ayawaska par les maîtres de cérémonie en particulier quand les effets tardent à venir.
Il est donc certain que l’ingestion de la liane apporte quelque chose de spécifique qu’il convient d’essayer de comprendre.Et c’est donc l’usage de la décoction de liane seule qu’il convient d’interroger maintenant. Pratique que j’ai pu constater chez les Huni Kuin, mais aussi chez certains guérisseurs de la région de San Martin qui, me semble-t-il, l’ont empruntée aux Indiens Shuars du Rio Huallaga. Dans cette région, on appelle cette décoction de liane pure la purgawaska. Contraction formée à partir du mot Quechua « waska » qui signifie liane et de « purga » mot espagnol qui signifie purge. La préparation en est la suivante : les lianes sont d’abord coupées en tronçons puis broyées avec une masse ou un gourdin. Elles sont cuites pendant quatre à cinq heures dans de grandes quantités d’eau. Il en ressort un liquide marron clair. Les candidats devront en absorber une quantité minimum proche du litre. Il ne semble pas y avoir de maximum pour ceux qui arrivent à l’ingérer. En effet, la boisson est amère et fortement vomitive. Et toute « overdose » paraît impossible.
Quand et pourquoi utilise-t-on cette purgawaska ?
Pour les candidats chamanes, cela va permettre de comprendre l’ayawaska elle-même qui deviendra par la suite le médiateur entre le chamane et les autres plantes. Elle purge mais donne de la force et permet de ne pas succomber aux visions trop fortes lorsqu’elle est mélangée ensuite à d’autres plantes productrices de visions comme la chacruna.
Pour les guérisseurs métis qui l’utilisent de manière thérapeutique, elle est considérée comme la première des « purges » et donc permet de « nettoyer le corps, l’esprit et l’âme de la personne ».
J’ai pu soit observer soit questionner des personnes ayant ingéré cette purgawaska même si tous ne l’appellent pas ainsi. Il existe des constantes dans les effets même si l’interprétation de leur origine varie d’un dispositif à l’autre. Ces effets sont bien sûr les vomissements mais aussi des pertes de l’équilibre accompagnés de troubles des perceptions sensorielles. Enfin apparaissent des remontées fortes d’affect qui produisent parfois des pleurs mais le plus souvent des frayeurs. Ces frayeurs sont importantes car elles sont analysées comme ayant une origine différente selon le rituel mais aussi, bien sûr, selon l’origine culturelle de celui qui l’ingère. Dans les sociétés indiennes comme celle des Shuars du Rio Huallaga, il n’y a pas de différence entre les deux aspects. Aussi l’usage de cette purgawaska est initiatique.
Dans la société métisse, la purge est un élément fondamental de la cure et de l’usage de l’ayawaska. D’ailleurs cet effet est appelé « mareacion » en espagnol et « mareação » en portugais. La mareacion fait référence au mal de mer, au vertige à la nausée voire au vomissement. Et c’est cette marecion qui permet de débuter le travail thérapeutique. Ce travail commence par une purge bien sûr mais aussi par une attitude d’humilité face au monde et à la plante. Humilité qui brise et qui oblige souvent celui qui prend cette potion à être plié en deux en train de « rendre » à la terre (devolver en espagnol) un peu de ce qu’il a pris.
J’ai aussi questionné des occidentaux venus « essayer » cette purgawaska.
Occidentaux est à prendre au sens large : ce peut être parfois des citadins péruviens, psychologue ou universitaire, ce peut être aussi des Européens venus faire un « stage de développement personnel » ou encore des étudiants venus mettre en pratique « l’observation participante » dans un dispositif de consommation de l’ayawaska. Il est intéressant de constater que parmi ces nouveaux utilisateurs l’interprétation de la frayeur générée par l’ayawaska était objectivée. Ainsi les spasmes voire les convulsions et l’extrême faiblesse faisaient craindre à certains un coma imminent. Face au guérisseur qui leur exprimait que tout cela était normal, que la liane était vivante et en train de travailler en eux, ils avaient, pour les plus savants, en mémoire leurs études qui leur avaient appris qu’à forte dose les IMAO sont toxiques, convulsifs et provoquent des comas…
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Ces deux points, la prise directe de chacruna et la consommation de l’ayawaska seule montrent bien que même si l’aspect IMAO de l’ayawaska est important ce n’est pas cela qui a guidé les Indiens dans ce mélange.
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La liane est l’élément clé du mélange. Les thérapeutes, qu’ils soient chamanes indiens ou guérisseurs métis le disent clairement : « La liane parle et guérit par la force qu’elle apporte et la feuille montre la cause du mal par les visions qu’elles procurent. »
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Et lors de sessions des guérisseurs amazoniens métis d’Iquitos ou de la région de San Martin, on peut entendre ce chant ou un autre fort similaire :
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Aya, ayawaska, cura, cura cuerpecito
Aya, ayawaska, cura, cura almacita
Aya, ayawaska, cura, cura spiritu
Chacruna, chacrunita, pinta, pinta la visiones
con color del arco iris.
Aya, ayawaska, guérit, guérit le corps
Aya, ayawaska, guérit, guérit l’âme
Aya, ayawaska, guérit, guérit l’esprit
Chacruna, chacruna, peint, peint les visions
Avec les couleurs de l’arc-en-ciel.
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Ainsi dit clairement ce chant, la liane guérit tandis que la chacruna peint les visions.

Qu’est-ce que cela change ?

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Que cela soit la liane banisteriopsis qui soit l’opérateur plutôt que la feuille de chacruna change-t-il quelque chose ? Avant de répondre, on pourrait d’abord réfléchir sur ce qui a poussé les pharmacologues à mettre en avant la chacruna et son alcaloïde la DMT.
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Quel est le constat des pharmacologues ? D’un côté une plante, la chacruna, contenant un alcaloïde, la DMT, qui est analysé comme étant un hallucinogène; de l’autre une liane, le banisteriopsis, contenant des alcaloïdes analysés comme étant tous des IMAO dont les effets psychotropes ne sont pas très bien compris : léger changement de perception, tranquillisant, euphorisant, etc. Ce qui déjà place la DMT et la plante qui la contient dans une position évidemment première.
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Il règne par ailleurs parmi les pharmacologues un allant de soi que la transe et « l’expansion de la conscience » du chamane sont dues à des substances visionnaires.
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Or, un hallucinogène est un expanseur de conscience évident pour celui qui ramène la question du chamanisme à cela ! Par contre, on ne voit pas à quoi peut servir toujours dans cette représentation du chamanisme un produit dont les effets ne sont « pas très forts » (sic !) et qui en plus provoque des nausées et des affects extrêmes comme des frayeurs.
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Lorsque les Huni Kuin terminent leurs sessions d’ayawaska, ils s’expriment couramment en ces termes : « Nous avons eu très peur, c’était très bien !» Ils ne disent jamais qu’ils ont eu de bonnes visions ! Donc, nous en revenons bien au fait que c’est la liane dont les β-carbolines produisent des remontées d’affects qui est bien l’élément clé du mélange pour comprendre l’usage de cette boisson puisque que les premiers praticiens de ce breuvage disent bien que c’est cela qu’ils recherchent.
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Et l’opération principale n’est pas la vision produite, même si, nous le verrons, elle joue un rôle important, mais la frayeur. Cette frayeur sera selon la culture d’usage de l’ayawaska réinterprétée différemment en fonction de l’utilisation et de la représentation du monde. Les Indiens Huni Kuin l’interpréteront quant à eux comme une stupéfaction face aux esprits du monde autre lorsqu’ils nous font voir ou même apercevoir ce que peut être la connaissance.
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Les pratiquants du mouvement religieux du Santo Daime interpréteront cette frayeur comme un manque de foi. Certains guérisseurs ayawaskeros interpréteront quant à eux ces frayeurs comme des preuves d’effractions, qu’elles soient des attaques de sorcelleries d’autres ayawaskeros ou plus simplement la conséquence de jalousies ou d’envies de proches ou de voisins. Cette frayeur peut parfois simplement être en relation avec une autre plus ancienne et en réveillant la première révéler du même coup, lors du rituel, ce qui rendait malade la personne.

Réhabiliter la frayeur

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La frayeur est même tellement l’élément clé de compréhension de l’usage de la décoction d’ayawaska que l’on peut tout à fait imaginer une typologie des usages en fonction de l’interprétation et de la gestion de la peur des différents dispositifs. En effet c’est ce qui permet de comprendre comment avec la même substance on interprète différemment les situations. Ce premier point est aisément compréhensible et ce que l’on fait de cette frayeur est fonction de ce que l’on pense qu’elle signifie.
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En schématisant un peu certes, on peut distinguer trois4 grands usages de l’ayawaska : celui des chamanes, celui des guérisseurs et celui des mouvements religieux tel que le Santo Daime. Nous allons voir qu’il existe trois interprétations de la frayeur, trois usages mais aussi trois destinations différentes une fois cette frayeur domptée. Dans tous les cas, la posture, bien que différente, est une posture d’extrême vigilance. Il ne s’agit jamais de s’abandonner à la substance mais au contraire de se préparer avec toute son attention et même sa concentration à la rencontre.
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Chez les Huni Kuin. Je prendrai pour illustrer l’usage chamanique de l’ayawaska, les Indiens Huni Kuin. Non que je considère qu’ils sont les plus représentatifs mais ce sont les Indiens avec qui j’ai échangé le plus autour de ces questions et qui m’ont permis d’être le témoin de nombreux rituels d’ayawaska.
Les Huni Kuin distinguent deux types de peurs : date et mese. Date exprime une peur de surprise voire de sursaut. Elle est perçue comme extrêmement dangereuse. C’est que j’ai appelé la frayeur. Cette frayeur, date, est considérée comme un agent extérieur qui pénètre dans le corps justement au moment de la surprise ou du sursaut. Le mese par contre est une peur qui est à l’intérieur du corps; c’est la peur sans surprise, c’est aussi l’appréhension, comme celle du jeune chasseur qui va à la chasse en quête de gibier et qui espère ne pas tomber sur un autre prédateur : jaguar, puma, boa, anaconda, ocelot, etc. Mais mese signifie aussi faire attention, car pour les
Huni Kuin, l’attention se situe au cœur même de cette peur qui, lorsqu’elle est travaillée et maîtrisée, est la force la plus grande que le chasseur puisse trouver en lui. Très jeune, on apprend aux enfants à avoir peur et à trouver dans cette peur l’attention nécessaire face aux dangers de la forêt. Ainsi on dit aux enfants qu’à l’intérieur d’une fleur peut se cacher un insecte à la piqûre douloureuse ou derrière un arbuste peut se cacher un serpent à la morsure mortelle. Les Huni Kuin pensent que seule la concentration sur le danger éveille tous les sens. Mais si l’éducation prépare à la rencontre avec le danger et évite d’être surpris par lui, elle ne simule pas la frayeur et donc ne permet pas d’évoquer la rencontre avec elle. Seules les prises répétées d’ayawaska permettent cela. Ces prises ont bien sûr plusieurs destinations mais il est important ici de constater combien elles enseignent de la rencontre avec la frayeur que les Huni Kuin nomment date. Le maître de cérémonie après avoir distribué le précieux breuvage à chacun, va appeler les visions et le date: «mia pae datea» (la liane a amené le date sur toi).
Il s’agit pour le maître de cérémonie de guider celui qui a ingéré le breuvage.
Le date, la frayeur, survient. Le chasseur doit, s’il veut tirer quelque chose de la rencontre, s’y confronter. Pour cela c’est sa peur, mese, qu’il convoquera. Ainsi face à la frayeur causée par la liane c’est sa peur que le chasseur Huni Kuin convoque et renforce à chaque prise.Chez les guérisseurs métis. On vient souvent consulter les guérisseurs métis pour cause de frayeur. Selon les endroits, elle est nommée susto, espanto, espasmo. Ce type de frayeur arrive par surprise et provoque un décrochement partiel de l’âme. Il convient alors au guérisseur d’aller rechercher l’âme de la personne effrayée. Ainsi L.P., guérisseur et ayawaskero de Tarapoto dans la province de San Marin au Pérou dit consulter essentiellement pour cause de frayeur. À chaque fois que je suis allé le voir, il y avait en effet des gens qui venaient consulter pour le susto.
Ainsi, un soir du mois d’août 1999, vers vingt heures, est arrivé un couple avec un enfant âgé de deux ou trois ans. Le couple explique que leur enfant s’est réveillé en sursaut après qu’un énorme cafard soit tombé dans son lit.
Ceci n’a rien d’extraordinaire dans cette région où les cafards sont nombreux surtout dans les toits de palme. Mais les parents se sont mis à s’inquiéter lorsqu’ils ont constaté que leur enfant était comme inconsolable. Et même s’il a finit par s’endormir, le lendemain il était grognon et sans appétit. Le soir venu, le petit enfant étant toujours agité, le couple s’est décidé à venir consulter. L.P. dit sans hésiter : « C’est le susto! » Le guérisseur entame un chant et souffle du tabac sur la tête et les articulations de l’enfant. L’enfant hurle à la première bouffée de tabac puis se calme et se met à sourire. Le guérisseur dit qu’il faudra revenir pendant trois jours.
Il donne des indications sur le régime alimentaire de l’enfant. Après la séance, j’en profite pour discuter avec L.P. et lui poser des questions sur la frayeur. Il me dit que les cas comme celui de cet enfant sont des cas simples car les gens ont pu identifier tout de suite la frayeur. Mais parfois on ne sait pas. Une personne a pu être surprise par le susto, presque à son insu. Alors il faut retrouver cette frayeur. Et, dit-il, il n’y rien de mieux que l’ayawaska,
« la purge des purges ». L’ayawaska oblige les choses qui n’ont pas à y être, à sortir du corps de la personne. Et si la personne vomit en ayant très peur c’est que le susto dont elle n’avait même pas idée est en train de sortir de son corps.Chez les pratiquants du Santo Daime. Les pratiquants de cette religion abordent dans une attitude de confiance les prises d’ayawaska. Ce sont les seuls utilisateurs qui considèrent de manière équivalente la liane banisteriopsis et les feuilles de psychotria. Pour eux ils représentent les deux éléments, masculin (la liane) et féminin (la feuille) nécessaires à la vie.
Les frayeurs qui naissent lors des sessions ne sont que des épreuves pour les adeptes. Mais le vrai croyant, celui qui a foi en Dieu, qui lui confie sa vie et qui se discipline en menant une vie en accord avec les principes de Jésus-
Christ, celui-là, disent les daimistes, n’aura plus jamais peur. La frayeur lorsque l’on ingère de l’ayawaska dans les rituels de Santo Daime ne témoigne selon eux en définitive que d’un manque de foi. Et, si l’on se met à vomir, c’est parce que la lumière du Saint-Esprit à laquelle on est soumis lorsque l’on ingère l’ayawaska dans les rites du Santo Daime inonde la personne et expulse ce qui est négatif du corps. Et ce sont toutes les choses négatives, toutes les choses des ténèbres qui retournent à la terre. Aussi distingue-t-on un adepte d’un débutant. Les adeptes, « frères officiels », se tiennent dans une posture rigide assise et ne vomissent presque jamais.
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Ainsi si l’interprétation et la destination de la frayeur sont différentes, voire même opposées dans certains cas, elle est, quant à elle, toujours omniprésente. Qu’elle soit directe par la « peur au ventre » que produit la liane banisteriopsis ou indirecte par l’effet de réel que produisent les visions de la feuille de chacruna !

Conclusion

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Le titre de cet article pouvait au premier abord avoir quelque chose de provocateur. J’espère avoir montré qu’il n’en est rien. En qualifiant l’ayawaska d’hallucinogène, on ne fait pas seulement une erreur d’interprétation des effets provoqués, on passe à côté du fonctionnement même de cette substance dans les dispositifs thérapeutiques. Et ce n’est pas seulement à cause de la connotation négative du terme hallucinogène qui interprète les visions comme des illusions. Ainsi quand Ott lui préfère enthéogène il restitue certes l’ordre du monde mais pas le sens recherché.
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Le sens se trouve justement là où l’on croyait qu’il existait une confusion sémantique. En effet si la boisson porte le même nom que la liane c’est bien que cette dernière est l’opérateur clé de la compréhension de ce qui se passe dans les prises d’ayawaska. Et l’opération consiste à générer, contrôler et interpréter les affects en général et la frayeur en particulier et ce bien sûr différemment selon les conceptions culturelles en jeu.
Reçu en janvier 2001
Patrick Deshayes
Directeur du département anthropologie, Université Paris VII

Notes

[ 1] La cuisson de l’ayawaska se passe en deux temps. D’abord on fait cuire les lianes et les feuilles pendant une journée. Ensuite on en enlève les végétaux pour concentrer le liquide : cette phase est appelée la réduction ou encore la distillation.
[ 2] Ainsi Schultes (1972) se demande comment des sociétés qui ne possèdent aucune connaissance en chimie ou en physiologie ont pu trouver le moyen d’activer un alcaloïde via un IMAO !
[ 3] Jean-Pierre Chaumeil décrit fort bien cela dans son travail sur le chamanisme Yagua. La description de l’ayawaska est faite à partir de liane banisteriopsis et à partir de feuilles de toé.
[ 4] Je ne considère pas ici le dispositif thérapeutique mis en place par le Dr Mabbit au centre de Takiwasi. Mêlant à la fois les pratiques traditionnelles des guérisseurs de la région de San Martin avec une pratique médicale occidentale appropriée ainsi qu’un suivi psychothérapeutique. Fruit d’une histoire singulière il ne pourrait guère rentrer dans ce tableau général et nécessite une étude particulière
source
http://www.cairn.info/article_p.php?ID_REVUE=PSYT&ID_NUMPUBLIE=PSYT_081&ID_ARTICLE=PSYT_081_0065

Tea case could cause religious liberty tempest

UPDATED FEB. 21, 2006: On Tuesday the U.S. Supreme Court ruled unanimously that a small religious group that combines Christianity and Native American practices can use hallucinogenic tea in its ceremonies. The core of the case – what happens to the First Amendment right to freely exercise religion when it conflicts with federal law – could change the rules for every religious group in America. A wide variety of religious groups – from conservative to liberal – representing millions of members have filed briefs supporting O Centro Espirita Beneficiente Uniao Do Vegetal, or UDV as it is known.
The case is the first religious freedom case to be decided under Chief Justice John Roberts. The court ruled that the U.S. government had no right to seize tea from the church or to ban its use.

UDV is a small Brazilian religious sect that has about 10,000 members in the United States, where they are based in New Mexico. Members use a hallucinogenic tea during worship ceremonies in order to help them gain union with God. The case, Gonzales v. O Centro Espirita Beneficiente Uniao Do Vegetal, began when federal agents seized the tea, which is classified as a controlled substance. The case is considered pivotal for several reasons:
  • It has the potential to change the precedent from a landmark 1990 Supreme Court case involving the use of peyote for ceremonial purposes. That ruling – in Employment Division v. Smith – changed the prevailing legal test for free exercise cases. Before the case, the state had to prove it had a “compelling interest” that trumped a religious group’s First Amendment right to exercise its religion. In Smith, the court ruled that as long as a law didn’t target a religious group and was generally applicable to the whole population – in this case, a law that banned use of peyote – it was acceptable, even if it unintentionally affected one group, such as Native Americans, more than others. Many religious groups were outraged, fearing that, say, if a legislature banned wine on Sunday then Roman Catholics who used it at Mass would have no redress under the First Amendment – instead, they would have to persuade the legislature to pass a special exemption for them.
  • The case is considered a test of the RFRA federal law, passed in 1993, which restored the compelling-interest test and said it should apply in all cases where religious exercise is substantially burdened. In 1997, the Supreme Court ruled that RFRA doesn’t apply to state and local governments. Religious liberty advocates fear that the Supreme Court could rule in the UDV case that RFRA doesn’t apply to federal law, either, significantly reducing protections for religious adherents.
  • Legal experts say any ruling in the UDV case that steers religious groups toward legislative remedies in free exercise cases while reducing their constitutional options would have profound effects, particularly for minority faiths. Larger groups – Roman Catholics or evangelicals — would likely have an easier time marshalling support for legislative protection for faith practices, while smaller groups – particularly those with less mainstream practices – would likely have a much harder time getting legislative support. Free exercise of religion, in effect, could become a popularity contest if its main protection rested in legislative remedies, legal experts say.
Why it matters
The right to free exercise of religion is a bedrock value of the First Amendment. It is held in tension with Americans’ right to be free from the government establishing one religion over another.

National sources

map
Northwest Northeast Northwest West Southwest Midwest South Southeast East

IN FAVOR OF ALLOWING USE OF THE TEA
O Centro Espirita Beneficiente Uniao Do Vegetal‘s U.S. base is in Santa Fe, N.M. The group prefers that the media contact it via email, udvbr@opengate.com.br.
• Nancy Hollander of Freedman, Boyd, Daniels, Hollander & Goldberg in Albuquerque, N.M., is the attorney representing the UDV. Contact 505-842-9960.
• Mark E. Chopko is general counsel for the United States Conference of Catholic Bishops in Washington, D.C., which filed an amicus brief in support of UDV. The brief says there are severe negative consequences for religion if UDV loses its case. Contact 202-541-3300.
• Gene K. Schaerr is counsel of record for an amicus curiae supporting UDV that represents 17 religious organizations, including the National Association of Evangelicals, the Baptist Joint Committee, the Institute on Religion and Public Policy, the First Church of Christ Scientist, the Union for Reform Judaism, the Sikh Coalition and the Muslim Minaret of Freedom Institute. Read an excerpt of the brief posted by UDV with links to the full brief. Contact Schaerr in Washington, D.C., 202-282-5000.
• Anthony Picarello Jr. filed an amicus brief supporting UDV on behalf of the Becket Fund for Religious Liberty. Contact 202-955-0095.
• Lee Boothby is a lawyer and vice president of the International Academy for Freedom of Religion and Belief. His organization has filed an amicus brief in support of UDV. Contact 202-363-1773.
• Kelly Shackelford is chief counsel for the Liberty Legal Institute, a Texas law firm that works to preserve religious freedom. His firm filed an amicus brief in support of UDV. Contact 972-423-3131.
Jeremy Gunn is director of the American Civil Liberties Union’s new Program on Freedom of Religion and Belief. The ACLU has filed an amicus brief in support of UDV. Contact 212-549-2500, media@aclu.org.
• Gregory Baylor is director of the Christian Legal Society and says outlawing sacramental tea is the equivalent of banning the wine served at a Roman Catholic Mass. Contact 703-642-1070, clshq@clsnet.org.
AGAINST ALLOWING USE OF THE TEA
• Paul D. Clement is a solicitor general for the U.S. Department of Justice and represents the government in the case. Contact 202-514-2217.
• Marci A. Hamilton is a professor of public law at the Cardozo School of Law at Yeshiva University in New York. She opposes the UDV because she contends that the Religious Freedom Restoration Act usurps the U.S. Supreme Court’s power to interpret the establishment clause. She represents people who are suing Roman Catholic archdioceses for alleged sex abuse by priests and contends that some church defendants are using the act to prevent federal bankruptcy laws from being applied to them in ways that would require them to compensate victims. She wrote the book God vs. the Gavel: Religion and the Rule of Law (Cambridge University Press, 2005). Contact 212-790-0215, hamilton02@aol.com.
• Annie Laurie Gaylor is co-president of the Freedom From Religion Foundation, an educational group based in Madison, Wis., that promotes the separation of church and state. Gaylor says the UDV case causes concern because a religious group is seeking to be exempt from the law by using an illegal substance and, she says, offering it to minors. Contact 608-256-8900, algaylor@ffrf.org (phone preferred).
ACADEMIC
• Derek Davis directs the J.M. Dawson Institute of Church-State Studies at Baylor University in Waco, Texas. He says there are dangers in allowing religious freedom to be left in the hands of state legislatures, as it was in the 1990 Smith peyote case, or in the hands of Congress, as it could be depending on the outcome of the tea case. He co-edited the book New Religious Movements and Religious Liberty in America, Second Edition (J.M. Dawson Institute of Church-State Studies, 2002). Contact 254-710-1510, Derek_davis@baylor.edu.
• Charles C. Haynes, senior scholar for religious freedom at the Freedom Forum First Amendment Center in Arlington, Va., says if the Supreme Court decides that the RFRA law does not apply to the federal government, it would be another strong blow that helps erase the free exercise clause from the First Amendment. Contact 703-284-2859, chaynes@freedomforum.org.
• John Witte Jr. is a professor of law and ethics and director of the Law and Religion Program at the school of law at Emory University in Atlanta. He wrote the book Religion and the American Constitutional Experiment: Essential Rights and Liberties, Second Edition (Westview Press, 2004). Contact 404-727-6980, jwitte@law.emory.edu.

Background

THE UDV TEA CASE
• Read the petition to the U.S. Supreme Court in Gonzales v. O Centro Espirita Beneficiente Uniao Do Vegetal.
• The UDV religion in the United States has a web page with resources for covering the case, including a FAQ and background links.
• Read the First Amendment Center’s resource page on Gonzales v. O Centro Espirita Beneficiente Uniao Do Vegetal. It includes amicus briefs filed for both sides of the case.
• Read Northwestern University’s Medill resource page on Gonzales v. UDV.
• Georgetown University’s law school presented a moot court exercise based on the tea case in August 2005. Read a summary of the arguments in the case.
OTHER LEGAL BACKGROUND
• Read the First Amendment Center’s article on the free exercise clause, which includes a discussion of how Employment Division v. Smith, the 1990 peyote case, changed the legal precedent for religious groups whose practices conflict with state law.
• Read about the legal status of peyote, including the 1993 federal statute that allowed members of the Native American Church to ingest peyote as part of religious ceremonies and state laws granting exemptions for Native Americans’ ceremonial use of peyote. The information is posted by the Peyote Foundation.
• Read the U.S. Supreme Court’s decision in the 1990 peyote case, Employment Division, Oregon Department of Human Resources v. Smith 494 U.S. 872.
• The Pew Forum on Religion & Public Life offers resources for covering the UDV case.
ARTICLES
• See an Oct. 31, 2005, Christian Science Monitor story about the UDV case.
• Read a June 2005 article about the tea case posted by Americans United for Separation of Church and State.
• Read a June 24, 2004, Associated Press story about the Utah Supreme Court ruling that non-native Americans can use peyote in religious ceremonies. The article is posted by the First Amendment Center.
• Read an April 19, 2005, Christian Science Monitor article on the UDV case.
• Read the April 19, 2005, article “Religious-tea dispute brings RFRA back to high court” from the First Amendment Center.

Regional sources

STATE BY STATE
• See links to organizations that promote religious freedom on a page assembled by Jeffrey K. Hadden, an author and teacher at the University of Virginia.
IN THE NORTHEAST
• David Wayne Machacek is a visiting assistant professor at the Public Policy Center for the Study of Religion in Public Life at Trinity College in Hartford, Conn. He co-wrote the book Religion on Trial: How Supreme Court Trends Threaten Freedom of Conscience in America (AltaMira Press, 2004). Contact 860-297-2353, david.machacek@trincoll.edu.
• Vincent Phillip Munoz is an assistant professor of political science at Tufts University in Medford, Mass. He wrote the article “James Madison’s Principle of Religious Liberty” for the American Political Science Review (2003). Contact 617-627-2658, Phillip.Munoz@tufts.edu.
IN THE EAST
• Philip Jenkins is a professor of history and religious studies at Pennsylvania State University in University Park. He wrote the essay “The Politics of Persecuted Religious Minorities” for the book Religion and Security: The New Nexus in International Relations (Rowman & Littlefield, 2004). Contact 814-863-8946, jpj1@psu.edu.
• Noah Feldman is an associate professor at the School of Law at New York University. He wrote the book Divided by God: America’s Church-State Problem-And What We Should Do About It (Farrar, Straus and Giroux, 2005). Contact 212-998-6711, noah.feldman@nyu.edu.
• Roger K. Finke is a professor of sociology at Pennsylvania State University at University Park. He wrote the article “Religious Regulation and the Courts: The Judiciary’s Changing Role in Protecting Minority Religions from Majoritarian Rule” for the Journal for the Scientific Study of Religion (2001). Contact 814-865-6257, rfinke@psu.edu.
• W. Clyde Wilcox is a professor of American government at Georgetown University in Washington, D.C. He wrote the article “Public Opinion on Church-State Issues in a Changing Environment” for the Journal for the Scientific Study of Religion (2001). Contact 202-687-5273, wilcoxc@georgetown.edu.
IN THE SOUTHEAST
• Davison M. Douglas is director of the Election Law Program at the Marshall-Wythe School of Law at the College of William and Mary in Williamsburg, Va. He wrote the essay “‘Christian Nation’ as a Concept in Supreme Court Jurisprudence” for Religion and American Law: An Encyclopedia (Garland Publishing, 1999). Contact 757-221-3853, dmdoug@wm.edu.
• Richard C. Schragger is an associate professor at the school of law at the University of Virginia in Charlottesville. He wrote the article “The Role of the Local in the Doctrine and Discourse of Religious Liberty” for the Harvard Law Review (2004). Contact 434-924-3641, schragger@virginia.edu.
IN THE SOUTH
• The Rev. Lewis V. Baldwin is a professor of religious studies at Vanderbilt University in Nashville, Tenn. He edited the book The Legacy of Martin Luther King Jr.: The Boundaries of Law, Politics, and Religion (University of Notre Dame Press, 2002). Contact 615-322-6339, Lewis.V.Baldwin@vanderbilt.edu.
• William G. Ross is a professor at the school of law at Samford University in Birmingham, Ala. He is an expert on religious liberties. Contact 205-726-2889, wgross@samford.edu.
• Timothy L. Hall is a professor at the school of law at the University of Mississippi in Oxford. He wrote the article “Omnibus Religious Liberty Protection and the Establishment Clause” for the Cardozo Law Review (1999) and the book Separating Church and State: Roger Williams and Religious Liberty (University of Illinois Press, 1998). Contact 662-915-6847, lwhall@olemiss.edu.
• Catherine Wessinger is a professor of religious studies at Loyola University New Orleans. She wrote the essay “New Religious Movements and Conflicts with Law Enforcement” for the book New Religious Movements and Religious Liberty in America (J.M. Dawson Institute of Church-State Studies, 2002). Please note that because of Hurricane Katrina, the university will be closed until January. Contact 504-865-3182, wessing@loyno.edu.
IN THE MIDWEST
• David E. Wilkins is co-author of Uneven Ground: American Indian Sovereignty and Federal Law (University of Oklahoma Press, 2001) and associate professor of American Indian studies, political science and law at the University of Minnesota, Twin Cities. Contact 612-624-1634, wilkinsd@tc.umn.edu.
• Kevin R. den Dulk is assistant professor of political science at Grand Valley State University in Allendale, Mich. He wrote the article “So Help Me God: Explaining the Recent Rise in Religious Group Litigation in the U.S. and Beyond” for the Georgia Journal of International and Comparative Law (2001). Contact 616-331-2991, dendulkk@gvsu.edu.
• Scott C. Idleman is a professor at the law school at Marquette University in Milwaukee. He wrote the article “Religious Premises, Legislative Judgments and the Establishment Clause” for the Cornell Journal of Law & Public Policy (2002). Contact 414-288-5362, scott.idleman@marquette.edu.
• Thomas C. Berg is a professor at the school of law at the University of St. Thomas in Minneapolis. He wrote the article “Minority Religions and the Religion Clauses” for the Washington University Law Review (2004). Contact 651-962-4918, tcberg@stthomas.edu.
• James Hitchcock is a professor of history at Saint Louis University. He wrote the book The Supreme Court and Religion in American Life, Vol. 2: From “Higher Law” to “Sectarian Scruples” (Princeton University Press, 2004). Contact 314-977-2910, hitchcpj@slu.edu.
IN THE SOUTHWEST
• K. Tsianina Lomawaima is co-author of Uneven Ground: American Indian Sovereignty and Federal Law (University of Oklahoma Press, 2001) and professor of American Indian studies at the University of Arizona. Contact 520-626-9772, lomawaim@u.arizona.edu.
• Douglas Laycock filed an amicus brief in support of UDV. He is Alice McKean Young Regents Chair in Law and associate dean for research at the University of Texas School of Law in Austin. Contact 512-232-1341, dlaycock@mail.law.utexas.edu.
• W. Cole Durham Jr. is director of the International Center for Law and Religion Studies at Brigham Young University in Utah. He is a member of several U.S. and international advisory boards dealing with religious freedom and church-state relations. Contact 800-422-2281, durhamc@lawgate.byu.edu.
• Michael S. Ariens is a professor of church and state for the school of law at St. Mary’s University in San Antonio, Texas. He wrote the essay “Religion in the Courtroom” for the book Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices (ABC-Clio, 2002). Contact 210-431-2009, mariens@stmarytx.edu.
• Paul Finkelman is a professor at the college of law at the University of Tulsa in Oklahoma. He co-wrote the book Landmark Decisions of the United States Supreme Court (CQ Press, 2003). Contact 918-631-3706, paul-finkelman@utulsa.edu.
IN THE WEST/NORTHWEST
• Michal R. Belknap is a professor of law at California Western School of Law in San Diego, Calif. He wrote the essay “Cults and the Law” for the book Religion and American Law: An Encyclopedia (Garland Publishing, 1999). Contact 619-525-1457, mbelknap@cwsl.edu.
• James T. Richardson is director of the Judicial Studies Program at the University of Nevada, Reno. He wrote the essay “Public Policy Toward Minority Religions in the United States: A Model for Europe?” for the book Religion and Public Policy (AltaMira, 2001). Contact 775-784-6270, jtr@unr.edu.
• Eugene Volokh is a professor at the School of Law at the University of California, Los Angeles. He wrote the article “Freedom of Speech, Religious Harassment Law, and Religious Accommodation Law” for the Loyola University of Chicago Law Review (2001). Contact 310-206-3926, volokh@law.ucla.edu.
• Stephen Matthew Feldman is a professor at the college of law at the University of Wyoming in Laramie. He edited the book Law and Religion: A Critical Anthology (New York University Press, 2000). Contact 307-766-4250, sfeldman@uwyo.edu.
• Alan E. Brownstein is a professor at the School of Law at the University of California, Davis. He wrote the essay “Equal Protection Clause and the Free Exercise of Religion” for the book Religion and American Law: An Encyclopedia (Garland Publishing, 1999). Contact 530-752-2586, aebrownstein@ucdavis.edu.
source
http://www.religionlink.com/tip_051031b.php?printer_friendly=1
U.S. Cancels Patent
on Sacred Ayahuasca Plant
 reprinted from Environmental News Service, November 5, 1999; Environment Section ©

WASHINGTON, DC, November 5, 1999 (ENS) - Indigenous peoples from nine South American countries won a precedent-setting victory Thursday, as the U.S. Patent and Trademark Office (PTO) canceled the patent issued to a U.S. citizen for the ayahuasca vine. The plant, Banisteriopsis caapi, is native to the Amazonian rainforest.  Thousands of indigenous people of the region use it in sacred religious and healing ceremonies, as part of their traditional religions.
The PTO's decision came in response to a request for re-examination of the patent filed with the PTO in March by the Coordinating Body for the Indigenous Organizations of the Amazon Basin (COICA), the Amazon Alliance for Indigenous and Traditional Peoples, and lawyers at the Center for International Environmental Law (CIEL).
"Our Shamans and Elders were greatly troubled by this patent. Now they are celebrating. This is an historic day for indigenous peoples everywhere," says Antonio Jacanamijoy, general coordinator of COICA.
According to David Rothschild, director of the Amazon Alliance, "Ayahuasca is used in sacred indigenous ceremonies throughout the Amazon. This patent never should have been issued in the first place." The PTO based its rejection of the patent on the fact that publications describing Banisteriopsis caapi were "known and available" prior to the filing of the patent application. According to U.S. patent law, no invention can be patented if described in printed publications more than one year prior to the date of the patent application.
William Anderson, director of the University of Michigan Herbarium, said that the PTO needs to improve its procedures for researching applications.
CIEL lawyer David Downes said, "While we are pleased that the PTO has cancelled this flawed patent, we are concerned that the PTO still has not dealt with the flaws in its policies that made it possible for someone to patent this plant in the first place." He explained that "the PTO needs to change its rules to prevent future patent claims based on the traditional knowledge and use of a plant by indigenous peoples."
He also argued that "the PTO should face the issue head-on of whether it is ethical for patent applicants to claim private rights over a plant or knowledge that is sacred to a cultural or ethnic group."
In a separate proceeding at the PTO, the three groups have called for changes in PTO rules. They argue that the PTO should require that patent applicants identify all biological resources and traditional knowledge that they used in developing the claimed invention. Applicants should also disclose the geographical origin, and provide evidence that the source country and indigenous community consented to its use.
© Environment News Service (ENS) 1999. All Rights Reserved.

"Eternal vigilance and readiness to struggle is the price of liberty and justice.  May this become a precedent for redress of many other injustices perpetrated against the indigenous peoples of Amazonia and our sacred Mother Earth. We stand with the indigenous people and COICA of Amazonia, and roundly condemn the Inter-American Foundation for its reprehensible betrayal of the indigenous people it pretends to support.  The spirits of the forest have many eyes and ears.  The New Millennium is ours!"
- Ojos de Otorongo
source
 http://www.biopark.org/peru/biopiracy03.html

AMÉRIQUE LATINE - Une victoire indigène contre la « biopiraterie » d’une plante de la forêt amazonienne

lundi 16 février 2004, mis en ligne par Dial
Les actes de « biopiraterie » commis à l’encontre des peuples indigènes d’Amérique latine sont nombreux. DIAL en a déjà présenté plusieurs, qu’il s’agisse de plantes, de produits dérivés à finalité thérapeutiques, de boissons traditionnelles  [1]. Récemment, les peuples indigènes d’Amazonie ont remporté une victoire devant l’Office des brevets et du registre des marques des Etats-Unis, puisque celui-ci a annulé un brevet obtenu en 1986 par un Californien sur une plante dénommée ayahuasca ou yage selon les régions servant à fabriquer une boisson traditionnelle utilisée dans des rituels religieux. Ce brevet avait déjà été annulé une première fois en novembre 1999, mais rétabli en 2001. Il a de nouveau été annulé en novembre 2003. Nous publions ci-dessous un texte relatif à la première annulation du brevet, publié par Soria Carlos Antonio, dans Diario Hoy, Equateur, 23 novembre 1999 et un autre texte rapportant la seconde et récente annulation de ce même brevet, paru dans ADITAL, 12 novembre 2003.

Une première victoire indigène

Le 3 novembre dernier [2], l’Office des brevets et du registre des marques des Etats-Unis a décidé d’annuler un brevet accordé à un citoyen états-unien pour une plante, l’ayahuasca, considérée comme sacrée par les communautés indigènes de l’Amazonie. La requête a été présentée le 30 mars de cette année par la Coordinatrice des organisations indigènes du bassin amazonien (COICA), l’Alliance amazonienne et le Centre international de législation environnementale.
En accord avec un rapport paru dans la revue de la COICA, la plante en question est la banisteriopsis caapi, grimpante et appelée localement yage, un des ingrédients avec lequel est élaborée une boisson utilisée par divers groupes indigènes d’Amazonie dans les rituels religieux. En juin 1986, Loren Miller, Californien, a obtenu le brevet sur la plante, qu’il a appelée da vine.
Les brevets sur les plantes ont pour but de protéger les producteurs agricoles qui développent de nouvelles variétés. Les avocats soutiennent que les variétés de plantes existantes et déjà identifiées ne devraient pas être brevetées, et que le cas du yage met en évidence les défauts du système de brevets.
« Les experts signalent que la banisteriopsis caapi pousse dans toute l’Amazonie, et que la plante décrite par le brevet correspond à des échantillons prélevés antérieurement par d’autres chercheurs », informe le rapport. Par conséquent, selon David R. Downes, un des avocats qui plaident l’affaire, le brevet n’a pas de valeur légale.
« Le rapport ajoute qu’il s’agit d’une nouvelle variété de plantes, parce que le propriétaire du brevet a identifié ses caractéristiques médicinales, mais les peuples indigènes d’Amazonie connaissent les qualités médicinales de la plante depuis des générations », ajoute Downes.
« Notre préoccupation n’est pas tellement la question commerciale, de savoir si l’on peut ou non commercialiser les produits dérivés de cette plante. C’est une question culturelle et spirituelle », affirme Antonio Jacanamijoy, coordinateur de la COICA.
« Ce n’est pas que les peuples indigènes soient contre le fait d’engager de nouvelles recherches. Le problème est qu’il y a eu usurpation illégale des connaissances traditionnelles, sans que les peuples indigènes puissent bénéficier des activités générées par la recherche », explique Rodrigo de la Cruz, membre de l’équipe légale de la COICA.
Par ce jugement, les communautés d’Amazonie conservent leurs droits ancestraux sur la plante.
Le yage, médecine, rite et religion
Le yage est une plante hallucinogène qui pousse sous forme grimpante dans tout le bassin du fleuve amazone. Des témoignages des premiers colonisateurs confirment que son utilisation par de nombreux peuples indigènes remonte au moins à cinq siècles.
La culture du yage s’étend à la plupart des peuples d’Amazonie. En rapport à son utilisation, il existe un culte à caractère spirituel et religieux très fort.
Le yage est utilisé pour soigner les maladies et il se prend en groupe, sous la direction du chaman, qui fait une interprétation collective des visions de chaque participant.
La plante ne pousse pas en abondance, c’est pour cette raison que beaucoup de peuples indigènes la cultivent. Selon la COICA, Loren Miller, qui est états-unien, a ramené l’ayahuasca par contrebande dans son pays pour obtenir le brevet. Il allégua pour cela que c’était une nouvelle variété parce qu’elle était différente de celle qui pousse en milieu naturel, alors même que la plante provient des confins de l’Equateur.
Menaces
Au 5ème Congrès de la COICA en 1997, les délégués ont décidé de déclarer Loren Miller ennemi des peuples indigènes et de lui interdire l’entrée dans leurs territoires.
La COICA a avoué avoir reçu des menaces d’un fonctionnaire des Etats-Unis, lequel déclara qu’il y avait beaucoup de pression de la part des congressistes de son pays.
Selon la COICA, Adolfo Franco, président de la Fondation interaméricaine, organisme états-unien de coopération, en est venu à falsifier une rétractation portant le nom des demandeurs, qui donnait le droit à Miller d’entrer librement dans n’importe quelle communauté indigène d’Equateur.
Utilisations
Cette espèce a des propriétés curatives diverses : elle régule les fonctions glandulaires et améliore la circulation, mais ses vertus sont encore mal connues. Les indigènes l’utilisent pour les rites religieux.
Diario Hoy (Equateur), 23 novembre 1999.

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La seconde victoire indigène

Les Etats-Unis ont révoqué le brevet de l’ayahuasca [3], plante rituelle des indigènes d’Amazonie, accordé à un citoyen de ce pays. Cette décision, prise le 4 novembre 2003 par l’Office des brevets et des marques enregistrées des Etats-Unis (PTO) à Washington, est le résultat de la lutte entreprise par les peuples indigènes de neuf pays du Bassin amazonien et sud-américain.
Le jugement de la PTO répond à une deuxième demande de révision du brevet présenté en mars passé par la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (COICA), l’Alliance pour les peuples indigènes et traditionnels du bassin amazonien et le Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL).
De fait, durant la décennie des années 80, le patron d’un laboratoire pharmaceutique états-unien obtint le brevet sur la plante. En 1996, la COICA fit appel pour la révocation du brevet de cette pante sacrée utilisée rituellement pendant des centaines d’années par les indigènes. Bien que le brevet ait été annulé, il fut rétabli en 2001 au profit du même Loren Miller.
Il fut reconnu que la plante, banisteriopsis caapi, commercialisée aux Etats-Unis, était originaire de la forêt amazonienne. La PTO justifia son refus du brevet en se fondant sur le fait que les publications qui décrivent la banisteriopsis caapi étaient « connues et disponibles avant la présentation de la demande de brevet », et que par conséquent il n’y a aucunement « découverte ». Pour la confédération des nationalités indigènes de l’Amazonie équatorienne (CONFENAIAE), cette décision crée un « précédent juridique historique ». De son côté, Antonio Jacanamijoy, coordinateur de la COICA, déclare : « Ce brevet préoccupait nos chamans et nos anciens, maintenant, ils sont de la fête. »
source
http://www.alterinfos.org/spip.php?article1094